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Depuis mai dernier, une pétition circule contre les aménagements cyclables prévus par la Ville sur Berri et les rues avoisinantes, récoltant quelque 400 signatures. Ces aménagements requièrent le retrait d’une partie des stationnements sur rue, ce qui soulève parfois les passions. 

Or, ce projet est nécessaire: l’accotement cyclable aménagé sur St-Joseph, s’il suffit à des cyclistes aguerris, ne constitue pas un lien nord-sud adéquat pour bon nombre de gens. La peinture, c’est pas de l’infrastructure! La Ville souhaite donc transformer Berri en alternative cyclable sécuritaire, prévoyant même y aménager ses premières intersections protégées.

Un résident du quartier, Andrew Gibson, dit plutôt “oui dans ma cour”! Sa contre-mobilisation en faveur de ces aménagements a récolté plus de 700 signatures en deux semaines. Andrew a déposé sa pétition au conseil municipal du 27 août et invité les Mères au front, l’Association des résidents et résidentes du Quartier Wright, une résidente du quartier et cycliste, et Action vélo Outaouais à prendre parole en faveur du projet

Voici la position exprimée par AVO lors de cette séance:

En transport routier, l’expression “Build it and they will come”, construisez-le et ils viendront, s’applique parfaitement, et ça a été prouvé à plusieurs reprises dans le monde. Construisez des autoroutes, vous aurez plus de gens en voiture, construisez plus de pistes cyclables, vous aurez plus de personnes à vélo. L’inverse est aussi vrai: quand on enlève de l’espace à l’automobile, les gens changent leurs habitudes et le trafic se volatilise.

Les opposants au projet s’inquiètent de ce changement en disant que seulement 4% des déplacements à Gatineau se font à vélo. Mais on ne détermine pas la nécessité de construire un pont en comptant le nombre de personnes qui traversent à la nage! Ce faible pourcentage est un reflet de la distribution inéquitable de la voie publique, massivement en faveur de la circulation et de l’entreposage des voitures.

Gatineau a tout à fait le potentiel d’augmenter la part modale du vélo sur son territoire : 54 % des adultes et 90 % des jeunes de moins de 18 ans se disent cyclistes. C’est tout un bassin de gens qui peuvent opter pour le vélo dans leurs déplacements. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, la distance n’est pas le principal obstacle. La moitié des travailleurs de Gatineau vivent à moins de 10 km de leur lieu de travail, et le quart à moins de 5 km. Ces distances sont faisables par bien des gens à vélo, en 15 à 40 minutes. Le principal frein à la pratique du vélo pour le transport, c’est l’absence de sentiment de sécurité.

Pour que les gens changent leurs habitudes et laissent plus de place au vélo dans leur cocktail de transport, ça prend un réseau cyclable protégé, connecté et efficace.

Le projet de la rue Berri est nécessaire à l’aménagement de ce réseau. Il ne faut pas reculer. C’est une question d’équité. Un réseau routier qui favorise l’utilisation de l’automobile exclut les gens qui ne peuvent pas avoir de voiture: des personnes âgées, les jeunes, des personnes handicapées, des gens à faible revenu… Ça oblige les gens à avoir un char, qu’ils en aient les moyens ou pas, au détriment de leur qualité de vie; ça isole des personnes âgées et des personnes handicapées dans des quartiers de maisons d’où elles ne peuvent pas sortir; ça fait en sorte qu’on a des enfants et des jeunes désoeuvrés et en mauvaise santé parce qu’on les transporte partout comme des légumes qui n’ont pas de jambes pour se déplacer par eux-mêmes.

À ceux qui mettent en doute la pertinence d’investir dans ce réseau, sachez que la sédentarité et les maladies respiratoires liées à l’utilisation de l’automobile pour tous nos déplacements coûtent une fortune à notre système de santé. Permettre à ceux qui peuvent et veulent circuler à vélo de le faire, représente des économies considérables pour la société au complet. Les pistes cyclables protégées, c’est bon pour tout le monde, qu’on se déplace à vélo ou pas.

La Ville de Gatineau ne doit pas reculer sur son plan vélo, elle doit même mettre les bouchées doubles! Mais visiblement, pour qu’on n’aie pas à se mobiliser à chaque fois, il faut mieux informer les gens quand ça se passe dans leur cour.

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