Pour une première année, l’organisme américain PeopleForBikes a inclus 107 villes du monde à son classement des villes où il est le plus facile de se déplacer à vélo, et Gatineau a obtenu le meilleur score au Canada sur 42 villes.
Le score est attribué en deux volets : le volet réseau étudie la qualité du réseau cyclable et compte pour 80 % du score, et le volet communauté se base sur un sondage en ligne pour évaluer la perception des résidents.
Gatineau a obtenu le meilleur score des villes canadiennes pour la qualité de son réseau, avec une note de 70 sur 100. Il est cependant à noter que le réseau routier et le réseau cyclable récréatif sont tous deux inclus dans l’analyse basée sur OpenStreetMap, et que les rues avec une limite de vitesse de 40 km/h ou moins sont jugées conviviales. Cette façon de noter le réseau est avantageuse pour Gatineau. En effet, malgré le peu de pistes cyclables protégées sur rue, le réseau bien développé de sentiers multifonctionnels récréatifs (dont ceux de la CCN) et les rues résidentielles limitées à 40 km/h lui donnent des points, puisqu’ils permettent à la population d’accéder à de nombreux services. La piste cyclable du corridor Rapibus et les aménagements cyclables qui mènent aux stations et aux parcs-o-bus de la STO permettent aussi à Gatineau de se démarquer en termes d’accès au transport en commun.
Les résultats du volet communauté sont moins forts, à 56 sur 100, un score inférieur à beaucoup d’autres villes telles que Vancouver, Montréal, Calgary et Ottawa.
Gatineau obtient sa meilleure note pour la fréquence d’utilisation du vélo pour le transport et les loisirs. On note aussi que les gens sont assez familiers avec les efforts de développement du réseau cyclable. En effet, la Ville de Gatineau communique bien sur le sujet, notamment avec sa campagne « Gatineau ville vélo ». De plus, le travail de sensibilisation et de promotion fait par Action vélo Outaouais et ses alliés n’est certainement pas étranger à ce bon résultat.
En revanche, les scores obtenus sont plus faibles pour ce qui est de la connectivité du réseau cyclable avec les destinations et le sentiment de sécurité à vélo, ce qui démontre l’étendue du travail qui reste à faire à ce chapitre.
On conclut de ces résultats que le potentiel de développement du vélo est extraordinaire à Gatineau, car on peut s’appuyer sur le réseau de sentiers et la popularité de la pratique récréative et sportive. De façon générale, les gens s’intéressent aux investissements vélo et y sont favorables.
L’analyse du réseau démontre aussi qu’un grand nombre de destinations sont accessibles à vélo. C’est un avantage pour le développement du vélo utilitaire qui, on l’oublie trop souvent, ne concerne pas seulement le véloboulot! En effet, avec la pratique du télétravail, les gens peuvent davantage vivre dans leur quartier et profiter des commerces et des services à moins de 5 km de leur domicile, des déplacements pour lesquels le vélo est particulièrement bien adapté. Il faut saisir ce potentiel.
En revanche, il nous reste beaucoup d’efforts à faire pour compléter le réseau et pour améliorer la qualité et la sécurité des aménagements, en particulier aux intersections et sur les grands axes. Le Plan directeur du réseau cyclable, bâti à partir de la consultation citoyenne la plus populaire des dernières années, nous indique la marche à suivre d’ici 2025.
Pour concrétiser le potentiel du vélo à Gatineau, il s’agit donc de réaliser les aménagements prévus au Plan directeur, sans faire de concessions sur la sécurité.Comme l’indiquait M. Champagne dans une entrevue au Droit, « le lien cyclable aménagé sur la rue Laurier, dans le centre-ville, est maintenant la référence. » Il faut effectivement une séparation physique de la circulation automobile sur les rues plus achalandées afin de convaincre la population de considérer le vélo comme moyen de transport.
Plusieurs villes, dont Paris, Milan, Barcelone, Toronto ou encore Calgary, avancent très rapidement à ce niveau, avec des aménagements temporaires réalisés en peu de temps et à peu de frais et pérennisés plus tard, avec à la clé des hausses impressionnantes de la pratique du vélo. Gatineau pourrait s’en inspirer en vue de la reprise prochaine des activités.
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